NS Avocats Expropriation et utilité publique des baux commerciaux.

L’expropriation pour cause d’utilité publique peut avoir des conséquences majeures pour les propriétaires comme pour les locataires de locaux commerciaux, artisanaux ou industriels. Face à la complexité juridique de cette procédure, il est essentiel d’être accompagné par des professionnels expérimentés.

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L’expropriation et la déclaration d’utilité publique en matière d’immeuble, de local commercial, artisanal ou industriel et de bail commercial

Introduction

L’expropriation pour cause d’utilité publique relève d’une procédure exceptionnelle permettant à l’État de contraindre un propriétaire à céder son bien immobilier, moyennant une juste indemnisation. Elle peut affecter tant les propriétaires de murs commerciaux que les locataires, titulaires d’un bail commercial et/ou d’un fonds de commerce. En cela, cette procédure soulève des enjeux juridiques complexes nécessitant un accompagnement spécialisé.

Notre cabinet d’avocats, spécialisé en droit des baux commerciaux, représente et accompagne bailleurs et preneurs confrontés à une procédure d’expropriation. Que vous soyez concerné par une expropriation des murs commerciaux ou de votre droit au bail ou fonds de commerce, nous vous proposons notre expertise pour défendre vos intérêts et optimiser votre indemnisation.

Pourquoi l’expropriation ? Fondements légaux

Le principe constitutionnel de l’utilité publique

L’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à valeur constitutionnelle, établit que « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment ». Ce principe fondamental est repris par l’article 545 du Code civil qui prévoit que « nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n’est pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité ».

L’expropriation constitue donc une dérogation exceptionnelle au droit de propriété, justifiée uniquement par l’intérêt général et encadrée par des garanties procédurales strictes.

La déclaration d’utilité publique (DUP)

La déclaration d’utilité publique représente l’acte fondateur de toute procédure d’expropriation. Elle intervient après une enquête publique et doit obligatoirement précéder tout prononcé d’expropriation (article L. 121-1 du Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique).

Si diverses entités peuvent être à l’initiative d’un projet d’expropriation (collectivités locales, établissements publics), la décision formelle d’exproprier relève exclusivement de la compétence de l’État, représenté par le préfet ou le Premier ministre.

Le contrôle juridictionnel : la « théorie du bilan »

Le juge administratif, lorsqu’il est amené à contrôler l’utilité publique d’un projet, applique la « théorie du bilan » développée par le Conseil d’État dans son arrêt « Ville nouvelle Est » en date du 28 mai 1971.

Cette approche consiste à mettre en balance :

  • Les avantages de l’opération projetée : intérêt général, nécessité publique, bénéfices économiques et sociaux
  • Ses inconvénients : atteinte à la propriété privée, impacts environnementaux, coût financier, conséquences sociales


Cette analyse coût-avantages permet de vérifier que l’opération présente un bilan globalement positif justifiant l’atteinte qui serait faite au droit de propriété.

Comment se passe l’expropriation ? La procédure d’expropriation

Phase administrative

Constitution du dossier par l’expropriant :

L’expropriant (État, collectivité territoriale, établissement public) doit constituer un dossier présentant :

  • L’objectif de l’opération,
  • Son coût estimatif,
  • Les biens immobiliers concernés.

Pour les opérations impliquant des travaux, le dossier comprend généralement, conformément aux articles R. 112-4 et R. 112-6 du Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique les documents suivants :

  • Une notice explicative détaillant les raisons du projet,
  • Un plan de situation,
  • Le plan général des travaux,
  • Les caractéristiques principales des ouvrages,
  • Une appréciation sommaire des dépenses,

L’enquête préalable

Cette enquête, dirigée par un commissaire-enquêteur ou une commission d’enquête, vise à recueillir l’avis du public sur le projet.

Elle suit des procédures différentes selon que l’opération est susceptible ou non d’affecter l’environnement et se fait par information du public (affichage, publications), recueil des observations des personnes concernées et, in fine, par l’émission d’un avis par le commissaire-enquêteur.

La déclaration d’utilité publique

Si l’avis provenant de l’enquête est favorable et que l’expropriant maintient son projet, l’autorité compétente déclare l’utilité publique de l’opération.

Cette déclaration précisera alors les acquisitions immobilières nécessaires et le délai dans lequel l’expropriation devra être réalisée.

L’arrêté de cessibilité

La phase administrative se conclut par l’édiction d’un arrêté de cessibilité qui, après une enquête parcellaire, identifie avec précision les biens à exproprier et leurs propriétaires.

Phase judiciaire

Le transfert de propriété

Le juge de l’expropriation, magistrat judiciaire spécialisé, prononce le transfert de propriété par ordonnance après avoir vérifié la régularité de la procédure administrative. Cette ordonnance éteint, à sa date, tous les droits réels ou personnels existant sur les locaux expropriés.

La fixation des indemnités

À défaut d’accord amiable, le juge de l’expropriation fixe les indemnités revenant aux personnes expropriées.

La procédure se déroule comme suit :

  • L’expropriant notifie une offre d’indemnisation aux personnes concernées ;
  • Les propriétaires et/ ou exploitants des locaux commerciaux acceptent cette offre ou proposent leur propre estimation ;
  • En cas de désaccord, le juge de l’expropriation est saisi ;
  • La procédure devant le juge est écrite et contradictoire ;
  • Le juge se déplace obligatoirement sur les lieux, assisté d’un Commissaire du gouvernement ;
  • Le juge fixe l’indemnité en tenant compte des éléments fournis par les parties et des observations du Commissaire du gouvernement.

La procédure s’achève par le versement des indemnités, qui concrétise la prise de possession du bien par l’expropriant.

Le droit de délaissement : une alternative à l’expropriation

Principes généraux

Le droit de délaissement permet au propriétaire d’un bien concerné par une déclaration d’utilité publique de contraindre l’expropriant à acquérir son bien, sans attendre la mise en œuvre effective de l’expropriation.

L’article L. 241-1 du Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique prévoit que lorsqu’un délai d’un an s’est écoulé depuis la publication de la déclaration d’utilité publique, les propriétaires peuvent mettre en demeure l’expropriant d’acquérir leur bien dans un délai de deux ans.

Ce mécanisme présente plusieurs avantages :

  • Il permet au propriétaire de ne pas rester dans l’incertitude ;
  • Il accélère la procédure d’acquisition ;
  • Il peut faciliter les projets de réinstallation.

Mise en œuvre pour le bailleur-propriétaire commercial

Pour un bailleur commercial, le droit de délaissement peut constituer une stratégie intéressante, particulièrement lorsque :

  • La perspective d’expropriation rend difficile la location du bien ;
  • Des travaux d’entretien importants seraient nécessaires mais peu rentables ;
  • Une opportunité de réinvestissement se présente.

La mise en demeure doit être adressée à l’expropriant, qui dispose alors de deux ans pour acquérir le bien (délai pouvant être prorogé d’un an).

Conséquences pour le locataire commercial

Le droit de délaissement exercé par le bailleur a des conséquences importantes pour le locataire commercial :

  • Maintien temporaire dans les lieux : Jusqu’au transfert effectif de propriété, le bail commercial se poursuit normalement.
  • Droit à indemnisation : Le locataire conserve son droit à indemnisation dans les mêmes conditions qu’en cas d’expropriation classique.
  • Information obligatoire : Le bailleur doit informer le locataire de sa démarche, ce qui permet à ce dernier d’anticiper sa réinstallation.

La rétrocession : un droit de retour possible

Conditions de la rétrocession

L’article L. 421-1 du Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique prévoit que si les immeubles expropriés n’ont pas reçu la destination prévue dans la déclaration d’utilité publique dans un délai de cinq ans, ou ont cessé de recevoir cette destination, les anciens propriétaires peuvent en demander la rétrocession.

Ce droit peut être exercé pendant trente ans à compter de l’ordonnance d’expropriation, sauf si une nouvelle DUP intervient entretemps.

Implications pour les baux commerciaux

La rétrocession présente des particularités en matière de baux commerciaux :

  • Absence de reconstitution automatique du bail : La rétrocession ne fait pas renaître automatiquement le bail commercial éteint par l’expropriation.
  • Droit de priorité pour l’ancien locataire : En pratique, l’ancien propriétaire qui récupère son bien peut accorder une priorité à l’ancien locataire commercial pour la conclusion d’un nouveau bail.
  • Valorisation du bien : La présence d’un ancien locataire prêt à reprendre l’exploitation peut constituer un élément de valorisation du bien lors de la fixation du prix de rétrocession.

EN SAVOIR +

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